Entrer dans les bureaux de la bureaucratie : perspectives ethnographiques

La journée d’étude Entrer dans les bureaux de la bureaucratie : perspectives ethnographiques a eu lieu du 12 juin 2017 à l’université Paris Dauphine. Organisée conjointement pour l’IRISSO et le CSI par Quentin Dufour et Marie Alauzen, elle visait à faire connaître et discuter les travaux de recherche de jeunes chercheurs en sciences sociales sur ces espaces ordinaires de gouvernement que sont les bureaux.

Si le thème de la bureaucratie a été largement étudié par les sciences sociales depuis Max Weber, la question qui lui est sous-jacente du travail des bureaux et du gouvernement spécifique depuis les bureaux a été, elle, moins explorée. À plusieurs égards, de nombreux travaux renvoient la bureaucratie à une organisation sociale productrice d’une certaine rationalité pour laquelle il reste encore à décrire les opérations de travail ordinaire et qui ouvrent un vaste champ aux enquêtes ethnographiques. La journée d’étude invitait à s’arrêter sur le travail des bureaux, afin d’éclairer ce que l’on saisit de spécifique des bureaucraties par l’ethnographie.

En ouverture, Jean-Marc Weller a rappelé quelques-unes des difficultés auxquelles se confronte l’ethnographe des bureaux : suivre des dossiers plutôt que des personnes, retracer des circulations et notamment les moments où le droit est activé, être attentif à l’épaisseur des artefacts qui participent du travail… Ces obstacles surmontés, l’ethnographe vigilant peut alors décrire comment, le long des chaînes sociotechniques, les bureaucraties connaissent, pensent et agissent. À l’hôpital, Pierre-André Juven raconte comment les médecins négocient avec les contrôleurs financiers les catégories comptables du soin. Dans la même veine, Elsa Forner-Ordioni montre comment la psychiatrie, à l’hôpital ou dans les cabinets privés compose avec les thérapies cognitives et comportementales (TCC) la prise en charge des patients. Sur d’autres objets, Valentina Grossi propose de suivre la production photo-journalistique au sein de l’Agence France Presse. Alexandre Violle nous emmène dans les bureaux de la Banque de France assister à l’essor d’une diplomatie bancaire européenne. Toujours sur la régulation par l’Union européenne, Henri Boullier se penche sur la construction bureaucratique des listes de substances toxiques. Sylvaine Tuncer explique comme l’écologie des bureaux favorise certains types d’interactions, tandis qu’Adeline Denis dépeint le formalisme ordinaire des directeurs d’administration.

 

Photo : « Atelier 5 – Alexandre Violle & Elsa Forner-Ordioni », 12 juin 2017. Crédit photo : Quentin Dufour & Marie Alauzen

Tags :